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Actualités - 19 juin 2025

Le Bleisure consiste à prolonger un voyage pour participer à un événement et prolonger ou anticiper son séjour à des fins de loisirs. De fait, les congrès sont des vecteurs importants d’attractivité touristique, comme le montre une étude menée notamment par l’Union Française des Métiers de l’Événement, organisation professionnelle représentative de l’ensemble des acteurs de cette filière forte des 1200 salons et foires, 2300 congrès et 380 000 événements d’entreprise qui se tiennent chaque année en France, pays bénéficiant d’une richesse exceptionnelle pour le MICE. Explications de Béatrice Cuif-Mathieu, co-présidente d’Unimev.

Urbi-Cultures : Pouvez-vous présenter l'Union Française des Métiers de l’Evènement et ses missions ?

Béatrice Cuif-Mathieu : « L’Union Française des Métiers de l’Événement (Unimev) est l’organisation professionnelle représentative de l’ensemble des acteurs de la filière événementielle en France. Elle regroupe les organisateurs d’événements (salons, congrès, foires, événements d’entreprises et sportifs), les gestionnaires de sites (parcs d’expositions, centres de congrès, aréna…) et les prestataires de services (prestations techniques, humaines, digitales, intellectuelles et pour les stands). Notre mission est de défendre les intérêts de la filière, de promouvoir son impact économique, social et environnemental, et d’accompagner nos adhérents dans leur développement et leur transformation. Unimev œuvre également pour faire rayonner l’événement comme un levier stratégique au service des territoires, des entreprises et de la société.

En termes de chiffres, la France accueille 1200 salons et foires récurrents (230 000 exposants et 23 millions d’entrées de visiteurs. Dans les salons professionnels : 42% d’exposants et 28% de visiteurs sont internationaux) ; 2300 congrès (2 millions de congressistes dont 21% internationaux) ; 380 000 événements d’entreprise (52 millions de participants dont 11% d’internationaux).

Urbi-Cultures : Quelle importance l’Unimev accorde-t-elle au Mice ? Menez-vous des réflexions et des actions spécifiques pour son développement ?

Béatrice Cuif-Mathieu : Le MICE (Meetings, Incentives, Conferences, Exhibitions) est au cœur de l’ADN d’Unimev. Ce secteur représente un moteur économique stratégique pour les territoires et une vitrine d’excellence pour les savoir-faire français. Unimev mène des travaux spécifiques pour en mesurer l’impact, en améliorer la compétitivité et accompagner sa transformation. En avril 2024, nous avons lancé CLEO Carbone, un outil innovant de calcul des émissions spécifiques au MICE, disponible à prix réduit pour nos adhérents, afin d’accélérer la trajectoire bas-carbone de leurs événements. À travers des études, des démarches RSE, des actions de formation et d’innovation, nous œuvrons au quotidien pour faire reconnaître la valeur du MICE comme levier d’attractivité, de relance et de transition durable. Le développement du MICE est une priorité partagée par l’ensemble de notre écosystème.

De plus, une étude 2024 menée par Coésio, Atout France et Unimev, souligne que les congrès sont des vecteurs importants d’attractivité touristique : 79% des congressistes participent à des activités culturelles et 72% se disent prêts à revenir dans la ville d’accueil à des fins touristiques. L’étude précise aussi que 85% des nuitées induites sont effectuées dans des établissements hôteliers et des résidences de tourisme du territoire d’accueil. Ces événements jouent donc un rôle clé dans la pérennisation des emplois locaux, en garantissant une activité régulière, surtout lors de périodes traditionnellement plus creuses sur la cible "loisirs". Les congrès et plus largement l’événementiel contribuent au rayonnement des destinations françaises, dynamisent l’économie locale et soutiennent des emplois pérennes tout au long de l’année. Ils constituent donc une activité stratégique qui permet de mettre en valeur les filières d’excellence et les atouts de nos territoires et agissent comme l’un des leviers dans la politique d’attractivité de la France.

Début juillet, Unimev va fêter ses 100 ans dans le cadre du See You There qui représente le moment de rassemblement de toutes les entreprises qui composent la filière événementielle et tourisme d’affaire. Cet anniversaire sera l’occasion de se projeter et d’imaginer ensemble l’évolution du MICE et des événements pour les 100 ans à venir notamment en s’adaptant à l’hybridation des formats d’événements ; en répondant de plus en plus aux attentes croissantes en matière RSE : éco-conception, réduction des déplacements, choix responsables des prestataires ; en étant un outil de valorisation des territoires et filières locales ; en renforçant sa reconnaissance comme levier de développement économique territorial ; en mettant systématiquement le participant au cœur du contenu ; en étant un générateur de données précieuses pour les différents acteurs.

Urbi-Cultures : Alors qu’à l’étranger, des offices de tourisme et des hôtels misent sur les prestations spécifiques du MICE, notamment sur la mise en avant des sites culturels (musée, châteaux, sites patrimoniaux ou religieux, etc.) pour attirer des entreprises organisant des conventions et congrès, on peut penser que leurs homologues en France, première destination touristique mondiale, a elle-aussi des nombreux atouts à faire valoir. Le font-ils suffisamment selon vous et sinon pourquoi ?

Béatrice Cuif-Mathieu : Absolument. La France bénéficie d’un patrimoine culturel, historique et architectural d’une richesse exceptionnelle, un véritable atout pour le secteur du MICE. Plusieurs destinations comme Cannes, Lille, Lyon, Nancy, Nantes ou Strasbourg intègrent déjà pleinement leurs sites emblématiques — musées, châteaux, lieux classés — dans leur stratégie événementielle. Certaines entreprises comme Destination Angers, Destination Nancy ou Destination Rennes vont encore plus loin : elles regroupent, au sein d’une même entité, office de tourisme, convention bureau et gestion des équipements. Ce modèle intégré leur permet de proposer une offre globale, cohérente et différenciante, avec un véritable "pacte d’accueil" pour les organisateurs d’événements. Mais ce potentiel n’est peut-être pas encore suffisamment exploité à l’échelle nationale. Unimev plaide d’ailleurs pour une meilleure synergie entre les acteurs, avec des politiques d’accueil et de valorisation plus ciblées. Car au-delà du patrimoine, d’autres atouts comme le tourisme vert, le thermalisme, les métiers d’art, le cyclotourisme ou les activités bien-être représentent aussi des leviers puissants pour renforcer l’attractivité de la France et permettent de coupler voyage d’affaires et de loisirs. C’est ce que l’on appelle le Bleisure qui consiste à prolonger un voyage pour participer à un événement et prolonger ou anticiper son séjour à des fins de loisirs. »

Propos recueillis par Jérôme Alberola

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